
Dans la nuit du 21 au 22 novembre 2025, je me suis abstenue avec une majorité de mon groupe EPR – et du groupe MoDem – en première lecture sur la partie « recettes » du budget.
Un peu avant le vote, nous nous nous sommes concertés avec les collègues de mon groupe en salle Colbert. Nos échanges, nous ont permis d’examiner l’ensemble des arguments avant de prendre notre décision.
Alors que nombre de nos concitoyens peinent à comprendre les positions et les résultats des scrutins depuis plusieurs semaines, nous avons refusé d’associer nos voix à celles qui cherchent la déstabilisation, voire le chaos.
Car personne n’a de majorité.
Depuis un mois et demi, nous avons suivi la voix de compromis proposée par le Premier Ministre, qui a annoncé ne pas utiliser de « 49.3 » et laisser le Parlement souverain sur le budget.
D’ailleurs dans leurs explications de vote, la plupart des groupes politiques a souligné la qualité des débats, nourris et argumentés de part et d’autre.
Nous avons voulu montrer par notre vote que nous tendions toujours la main pour qu’à la fin, la France ait un budget, quand bien même tout ne nous convenait pas, notamment sur le poids des taxes et impôts que ce texte comportait.
Car en effet nous avons analysé que certaines dispositions votées, représentant près de 40 milliards d’euros, seraient inapplicables ou inconstitutionnelles et auraient des conséquences dramatiques pour nos entreprises et nos emplois :
1. Mesures catastrophiques pour l’économie et l’emploi
- Taxe sur les entreprises françaises multinationales : 26 Md€
- Taxe sur les surdividendes : 4 Md€
- Triplement du taux de la taxe sur les rachats d’actions : 0,6 Md€
- Élargissement de l’impôt minimum mondial (Pilier 2 de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques)
- Suppression de la réduction d’Impôt sur le Revenu pour investissement dans les Petites et Moyennes Entreprises, dispositif Madelin : 0,1 Md€ – IR-PME : réduction d’Impôt sur le Revenu pour investissement dans les Petites et Moyennes Entreprises, dispositif Madelin
Soit plus de 30 Md€ de mesures votées par le RN avec le soutien de LFI, destinées à écraser nos entreprises, petites et grandes, et donc à menacer nos emplois.
2. Mesures lourdes mais corrigibles en seconde lecture
D’autres dispositions, bien que problématiques, peuvent encore être amendées :
- Taxation du patrimoine en assurance-vie : 1,5 Md€
- Augmentation de la taxe sur les transactions financières
- Élargissement significatif de l’exit tax
- Modulation de la base de Contribution au Développement du Logement Social, dispositif Barnier : 0,5 Md€
3. Mesures issues de compromis politiques
Certaines mesures défavorables résultent de compromis, notamment avec le PS, et pourraient devoir être conservées pour finaliser le budget :
- Surtaxe de l’Impôt sur les Sociétés : 6 Md€
- Reconduction CDHR Barnier : 1,5 Md€
- Plafonnement du crédit d’impôt service à la personne (CISAP) : 0,1 Md€
- Taxe holding recentrée : 0,1 Md€
4. Les succès de notre groupe
Malgré ces difficultés, notre groupe a marqué ce budget de son empreinte et obtenu plusieurs victoires majeures :
- Repoussé la taxe Zucman et toute taxation des biens professionnels
- Repoussé la hausse de l’IR sur ceux qui travaillent
- Recentré la taxe holding pour éviter tout impact négatif
- Préservé le Crédit d’Impôt Recherche et même élargi à l’IA
- Préservé le pacte Dutreil – dispositif de transmission d’entreprise à avantage fiscal
- Préservé le dispositif JEI (Jeunes Entreprises Innovantes)
- Repoussé les hausses de charges sur le travail, les apprentis, les jeunes entreprises innovantes et les compléments de salaires (PLFSS)
Toutes ces victoires n’auraient pas été possibles sans notre mobilisation et notre action déterminée.
Enfin, un vote « contre » empêchait de débattre de la partie « dépenses », qui ne sera donc pas analysée. Tous ceux qui m’ont sollicitée sur ce sujet savent de quoi il est question.
Nous restons donc dans le compromis pour la seconde lecture et le vote final. Pour voter un budget pour la France.
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