
Avec mon collègue Sylvain Carrière, nous avons présenté ce mercredi 9 avril devant la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale un rapport consacré aux stratégies de marché de la filière vitivinicole. Ce travail, nous l’avons mené dans la continuité de la mission engagée par mon ancien collègue Éric Girardin sous la précédente législature.
Ces travaux interviennent à un moment charnière pour l’avenir de nos vins, dans un contexte marqué par des difficultés profondes mais aussi par des opportunités à saisir.
Une filière en pleine mutation et confrontée à de nombreux défis
Au fil de nos rencontres avec les professionnels du secteur — viticulteurs, négociants, interprofessions, syndicats agricoles, services de l’État, acteurs de la distribution — un constat s’est imposé : la filière vitivinicole française traverse une période de grande instabilité.
La consommation de vin diminue, en France comme à l’international, sous l’effet des évolutions sociétales et des nouvelles attentes des consommateurs. À cela s’ajoutent des aléas climatiques de plus en plus fréquents, la hausse des coûts de production, les conséquences de la crise du Covid, ainsi que les tensions commerciales (États-Unis, Chine) qui affectent certains marchés.
Et pourtant, la viticulture reste un atout économique majeur pour la France, avec un excédent commercial de 15 milliards d’euros — le troisième derrière l’aéronautique et les cosmétiques.
Face à ces défis, nous avons identifié quatre leviers prioritaires d’action.
1. Faire de l’export un levier indispensable de croissance
→ Aujourd’hui, 25 % des vins français et près de 100 % du cognac sont exportés.
Mais pour faire face à la baisse de la consommation domestique, il est impératif de renforcer et de diversifier nos débouchés à l’international, y compris sur les segments d’entrée et de milieu de gamme, et d’explorer de nouveaux marchés comme l’Inde.
Nos propositions :
– Défendre des accords sectoriels européens adaptés à la viticulture.
– Renforcer le rôle diplomatique et l’action de Business France, en s’inspirant du modèle italien.
– Mieux accompagner les PME à l’export (formations, dispositifs simplifiés, VIE).
– Adapter les stratégies marketing aux spécificités des marchés hors UE.
2. Mieux promouvoir les vins et valoriser le savoir-faire français
Le vin français doit continuer de faire rêver, mais aussi savoir évoluer. Cela passe par un discours renouvelé et une stratégie d’attractivité renforcée.
Nos propositions :
– Amplifier les campagnes de communication internationales.
– Développer une stratégie nationale ambitieuse pour l’œnotourisme, qui a attiré 12 millions de visiteurs en 2023, dont 45 % d’étrangers.
– Intégrer pleinement les vins et spiritueux à la marque France.
– Valoriser la diversité, l’excellence et les démarches durables des producteurs.
3. Adapter l’offre à l’évolution des attentes des consommateurs
Les habitudes de consommation évoluent : vins plus légers, rosés, blancs, effervescents, cocktails, vins désalcoolisés… Les attentes en matière de naturalité, de traçabilité et d’innovation sont fortes.
Nos propositions :
– Encourager l’innovation produit : nouveaux cépages, nouvelles techniques de culture et de vinification.
– Promouvoir la diversification des produits viticoles.
– Mieux former les entreprises aux nouvelles tendances de consommation et aux attentes des jeunes générations.
4. Renforcer la gouvernance de la filière et mieux piloter l’offre
Aujourd’hui encore trop morcelée, la filière vitivinicole française doit se structurer davantage pour faire face aux crises et anticiper les évolutions du marché.
Nos propositions :
– Renforcer le rôle du CNIV (Comité National des Interprofessions des Vins) : élargir ses missions, mieux observer les tendances de marché, et se doter d’outils de régulation inspirés du modèle champenois (réserve interprofessionnelle).
– Soutenir les démarches collectives des producteurs, coopératives et négociants.
– Développer des outils de gestion des crises plus réactifs et mieux anticipés.
– Accélérer les transitions environnementales dans les pratiques viticoles.
Un engagement pour les viticulteurs et les territoires
Je reste persuadée que l’avenir du vin français passe par notre capacité collective à nous adapter, à innover et à mieux valoriser nos savoir-faire. Ce rapport n’est qu’une étape, un outil de travail au service des professionnels de la filière.
Je continuerai à me mobiliser, aux côtés des viticulteurs et des acteurs des territoires, pour défendre et préparer l’avenir de ce patrimoine, pilier de notre culture et de notre économie.
Retrouvez ici le rapport.